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Le "Plan d’action pour l’égalité entre les filles et les garçons" : analyse et décryptage

lundi 25 août 2014, par oleg

La nouvelle est venue sous forme de communiqué de presse le 30 juin. L’ABCD de l’égalité était retiré au profit d’un "Plan d’action pour l’égalité entre les filles et les garçons". [1] Pâle succédané de son illustre prédécesseur pour les uns, amplification d’un endoctrinement de masse pour les autres, le projet a, dès ses prémices, suscité la polémique. Peu pourtant ont pris la peine d’analyser les tenants et les aboutissants de ce nouveau dispositif. Les lignes qui suivent, s’appuyant sur les informations laissées par le Ministère de l’Education Nationale, essaient d’entrevoir ce qui attend sur ce point les élèves à l’occasion de la prochaine année scolaire.

Une extension de la formation à l’égalité
La rue de Grenelle l’annonce fièrement, ce "plan d’action pour l’égalité entre les filles et les garçons" est un "plan d’action ambitieux". En effet, un tableau comparant les objectifs de l’ABCD de l’égalité à ceux de cette nouvelle entreprise est éloquent sur ce point : "avant", assure le document, il n’y avait que "10 académies" concernées par la formation, "maintenant", "toutes" le sont. De même, si l’ABCD ciblait le public des élèves du "premier degré", le dispositif mis en oeuvre s’appliquera au public du "premier degré (maternelle et élémentaire) et second degré". On le voit donc, le Ministère est passé du stade de l’expérimentation à celui de la généralisation : autocrate en ses directives, Monsieur Hamon procède à une nationalisation de l’égalité qui s’appuie sur une stratégie de la planification.

La doctrine égalitaire infusée par le haut
Autre changement, qui se déduit du précédent, si l’ABCD de l’égalité avait pour cible le public des élèves, le plan nouvellement conçu s’appuie essentiellement sur la formation des enseignants. Intarissable sur ce point, le document du Ministère s’honore des directives suivantes :
- Mise en place d’un "enseignement spécifique dans le tronc commun de toutes les écoles supérieures de professorat et de l’éducation."
- "Diffusion d’outils pédagogiques adaptés et généralisés pour aider les enseignants à transmettre l’égalité filles-garçons."
- Mise à disposition de "séquences pédagogiques enrichies préparées par les enseignants".
- Création, enfin, d’instruments divers comme "un nouveau site internet", la possibilité d’une "formation à distance", de "séminaires académiques", sans oublier l’indispensable "mallette pédagogique."
Essentiellement technique et professionnelle, l’ambition du Ministère suscite deux remarques. Premièrement, cette infusion par le haut reprend typiquement la stratégie des partisans du gender. Ainsi, l’ancienne Convention interministérielle pour l’égalité du gouvernement Ayrault préconisait de "prévoir une formation à l’égalité et de déconstruction des stéréotypes de genre dans le cahier des charges de la formation des personnels enseignants." [2] Deuxièmement, le fait de transmettre la doctrine en passant par le personnel enseignant permet à coup sûr d’échapper au contrôle du grand public. Dans cette fonctionnarisation de l’égalitarisme, n’importe quelle théorie peut s’immiscer sans bruit et infiltrer par degré tous les niveaux de la pyramide scolaire.

Une indécision conceptuelle
Or précisément, ce qui frappe à la lecture du document laissé par la rue de Grenelle est le flou théorique sur lequel s’engage le projet entrepris. Cette "égalité ente les filles et les garçons", proclamée à toutes les lignes du décalogue, quelle est-elle au juste ? S’agit-il d’une équité déjà garantie à chacun par le fait de la loi ou doit-on s’attendre, comme on a pu le constater auparavant, à une équivalence fondée sur l’indifférenciation des sexes ? Sur ce point, capital entre tous, le Ministre reste muet, se contentant d’invoquer, à chaque entretien consacré à son initiative, une inédite "culture de l’égalité de l’égalité fille-garçon" [3]. Nous ne pouvons donc que nous étonner de voir, en ce début d’année scolaire, la mise en place d’un programme qui affiche des moyens considérables tout en ignorant, ou taisant, sa finalité propre. Ce "plan d’action pour l’égalité entre les filles et les garçons", en dépit de ses tonitruantes annonces, cache mal ce qu’il promet pourtant d’être : un projet sans objet, digne emblème d’un Ministère démissionnaire.

Face au vide de l’institution, réagissons en citoyens responsables 
Abyssale et indigne d’un service que l’on aimerait encore croire public, cette béance doit réveiller nos consciences. "L’idéologie", disait Jean-François Revel, "c’est ce qui pense à votre place".[4] Le "Plan d’action pour l’égalité entre les filles et les garçons", conçu dans la hâte par Monsieur Hamon, n’a fait l’objet d’aucune consultation nationale, n’a été précédé d’aucun débat public. Aussi est-ce à chacun de reprendre l’initiative. Que les futurs professeurs interrogent leurs formateurs sur les cours qu’on leur dispense à ce sujet, qu’ils informent l’opinion publique de la doctrine inculquée. Que les professeurs en titre fassent de même, et soient un relais fidèle et sûr auprès des parents. Que ces derniers, enfin et surtout, demandent des comptes à une institution qui prétend légiférer sans leur secours. A cet égalitarisme qui nivelle et masque bien des subterfuges, opposons la vigilance et la responsabilité de tous. Remplaçons l’école égalitaire, venue d’un Ministère incompétent, calculateur et prétendument frondeur, par une implication volontaire, partagée et constante. Face à cet Etat qui décide sans partage, soyons des citoyens informés, unis et responsables.

Notes et références :

[1] http://www.education.gouv.fr/cid80888/plan-d-action-pour-l-egalite-entre-les-filles-et-les-garcons-a-l-ecole.html
[2] https://theoriedugenre.wordpress.com/tag/stereotypes-du-genre/
[3] http://www.leparisien.fr/societe/abcd-de-l-egalite-hamon-vise-un-objectif-plus-ambitieux-26-06-2014-3955181.php#xtref=http%3A%2F%2Fwww.google.fr%2Furl%3Fsa%3Dt%24rct%3Dj%24q%3D%24esrc%3Ds%24source%3Dweb%24cd%3D2%24ved%3D0CCsQFjAB%24url%3Dhttp%253A%252F%252Fwww.leparisien.fr%252Fsociete%252Fabcd-de-l-egalite-hamon-vise-un-objectif-plus-ambitieux-26-06-2014-3955181.php%24ei%3D-53nU-eBMKOa0QXc0ICQBw%24usg%3DAFQjCNEGqNNojro0ofszqYFeWMqIbEombg%24sig2%3Dfd5PUPK__DT53phtsHi-lA%24bvm%3Dbv.72676100%2Cd.d2k
[4] http://fr.wikipedia.org/wiki/Id%C3%A9ologie

3 Messages

  • Ne serait-il pas opportun que cette "égalité entre les filles et les garçons" puisse s’incarner par une "égalité femmes-hommes" dans les classes ?
    Donc
    1) au minimum, que pour les prochaines sessions, les concours de recrutement sélectionnent en nombre égal des filles et des garçons
    2) si possible, qu’il soit prévu un plan pluri-annuel visant à assurer l’égalité entre les femmes et les hommes dans le corps enseignant, de manière à ce que, dans chaque établissement, les élèves puissent constater que les femmes et les hommes qui ont pour mission de les instruire sont en nombre égal :
    - autant d’ATSEM hommes que d’ATSEM femmes dans les écoles maternelles
    - autant d’enseignantes que d’enseignants
    etc.
    Cela s’appelle traduire en actes de belles idées, non ?

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    • les recrutements doivent se faire sur concours et sélectionner les meilleurs
      par ailleur les prof de lycées et d’universités sont majoritairement des hommes..entre enseignement égalité des chances sans stéréotypes ok ;mais les recrutements doivent se faire sur concours et sélectionner les meilleurs pour garantir la qualité et la vrai égalité

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      • Recrutemen par concours et "égalité" Le 22 septembre 2014 à 22:51, par Espérance

        Les enseignants sont recrutés par concours, et c’est certainement une bonne chose.
        Encore faut-il aller regarder de près en quoi consiste le concours.
        Il y a des concours où les épreuves sont écrites, les copies sont anonymées avant correction (comme bien des examens) : le correcteur, a priori, ne sait pas si la copie qu’il note est celle d’une fille ou d’un garçon.
        Ces concours peuvent être mixtes, donc ouverts à des candidates comme à des candidats.
        Il y a eu, il n’y a pas si longtemps, des concours non mixtes : les garçons concourent au concours masculin, et les filles au concours féminin. Ça a été le cas aussi bien pour les écoles normales d’instituteurs ou d’institutrices que pour l’agrégation. Dans ce cas, le sujet peut ou non être le même ; si le sujet est le même et le barème aussi, et que les copies sont mélangées pour la correction, on trouve éventuellement à l’arrivée une moyenne très différente pour les filles et pour les garçons (selon le concours, la moyenne des copies féminines peut être, substantiellement, plus élevée ou moins élevée, que celle des copies masculines). Si ce phénomène est idéologiquement inacceptable, il y a un moyen très simple de "casser le thermomètre" : le sujet du concours masculin diffère du sujet féminin...
        Il y a aussi des concours sur dossier, non anonymes, comme le recrutement en université : et là, les réseaux fonctionnent à plein.

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