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"Outils pour l’égalité entre les filles et les garçons" : l’école ou la fabrique des consciences

jeudi 11 décembre 2014, par oleg

L’essentiel des "Outils pour l’égalité entre les filles et les garçons" se trouve désormais sur "Canopé", réseau de création et d’accompagnement pédagogiques de l’éducation nationale. Mise à disposition de ressources en ligne, ce site permet de saisir avec précision les nouveaux objectifs de notre Ministère. Ce qui suit est donc l’analyse des propositions faites par ce dernier en ce domaine.

Le sophisme de l’égalité
En son "Introduction", le programme des "Outils pour l’égalité entre les filles et les garçons" justifie son entreprise par le raisonnement suivant. "La différenciation", affirme-t-on en cette page, suscite les "préjugés". [1] "Discriminante" "d’une manière générale", celle-ci se fait donc "source d’inégalités". Supprimer celles-ci suppose alors de "neutraliser les stéréotypes" et donc d’atténuer toute différence. Perçue comme cause de hiérarchisation et donc d’injustice, la distinction est devenue, en ce douteux syllogisme, origine de souffrances que l’école a pour mission d’abolir.

Une pédagogie de l’indistinction
Pour mettre en oeuvre ce projet, plusieurs pistes sont alors proposées. Tout d’abord, il s’agit d’initier les enfants aux hésitations de la culture en matière de sexuation. Ainsi, l’étude des oeuvres de littérature pour la jeunesse permettra de voir que la langue est indécise, lorsqu’on réalisera que, dans Le Petit Chaperon rouge, le personnage principal, qui est une petite fille, "est souvent désigné par il". Appelée à être vécue par la classe elle-même, cette indistinction peut alors faire l’objet d’inversions ludiques. En effet, une séquence propose de "réaliser une chorégraphie à partir d’un conte dont les rôles sont à priori sexués". "En fonction des choix" formulés par les élèves, on demandera à ceux-ci de "débattre/faire des compromis pour une répartition équitables des différents rôles." Comprise comme arithmétique répartition des identités, l’égalité devient alors prétexte au travestissement. Dans cette didactique du soupçon et de la permutation, c’est bien une identité troublée que l’on propose aux enfants. La lutte contre le sexisme et les discriminations passe donc par la neutralisation des sexes et des différences.

La classe sous surveillance
Mais il y a plus grave encore. Comme elle est essentiellement mentale, cette correction des représentations suppose une surveillance et un contrôle. Ainsi, la séquence "se saisir des événements de la vie scolaire" propose, "à partir de photographies d’occupation des ateliers" effectués en classe, d’ "entamer un débat sur les tendances qui se dessinent" et de "mener" une "réflexion dessus". Sous le couvert du dialogue et de la mise en question, on somme ici des enfants de justifier leurs préférences. Collective et culpabilisante, cette mise en question devient intervention intrusive et confine à la violation des consciences.

Peut-on fabriquer les consciences ?
Ce qui choque en effet le plus à la lecture de ce programme est la permanence d’un lexique de l’outillage et de l’instrumentalisation. Pour éradiquer les inégalités, le Ministère propose des "outils" et une "mallette" afin d’obtenir une bonne "conduite de classe". Placée sous le signe de l’ingénierie cérébrale, la démarche mise en oeuvre par le Ministère s’incarne en une série d’infinitifs à valeur injonctive : "renforcer l’égalité des droits", "veiller aux choix de supports pédagogiques", "agir en classe", "se saisir des événements de la vie scolaire", "neutraliser les stéréotypes". En cette didactique comportementaliste, c’est une parfaite méthode de conditionnement que l’on met en place, sans une seule fois s’interroger sur la réceptivité de l’élève. Simple réceptacle destiné à absorber des principes décrétés, l’enfant devient l’enjeu d’un objectif à peine voilé, qui est celui de la fabrication de consciences nouvelles. Et l’enseignant, en cette posture inédite, ne sera plus maître qui fait entrer dans les signes mais prédicateur inculquant des vérités imposées.

Note et références
[1]http://www.reseau-canope.fr/outils-egalite-filles-garcons/reperer-les-stereotypes-et-les-prejuges-dans-le-quotidien-scolaire/introduction.html
Toutes les citations qui suivent se trouvent sur le site dédié.

2 Messages

  • Sur le site "Canopé", on peut lire : "Laisser faire, c’est laisser se jouer les déterminants qui, bien que la mixité soit la règle, filles et garçons se socialisent séparément."
    La syntaxe...
    Avant d’apprendre à déconstruire les stéréotypes genrés, ils devraient revoir leur grammaire française, ces abrutis. Surtout quand ils s’adressent à des profs.

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  • Faut-il s’attaquer aux causes ou aux conséquences ? Le 22 décembre 2014 à 17:51, par Espérance

    On nous dit
    “"La différenciation", affirme-t-on en cette page, suscite les "préjugés"”
    Visiblement, c’est pour prôner de s’attaquer aux préjugés.
    Sauf que ...
    si la phrase était
    “la tartempionisation suscite le racisme”
    ce serait évidemment "haro sur la tartempionisation".
    En quel sens entendent-ils "différenciation" ?
    - s’agit-il de différenciation pédagogique ?
    - s’agit-il de différenciation sexuée ? (en ce cas, il leur faut modifier biologiquement l’être humain, qui, sauf à de rarissimes exceptions près, est soit mâle soit femelle).

    Quand s’attaque-t-on un peu sérieusement à l’échec scolaire (qui, en France en particulier, est plus masculin que féminin) ?

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