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Le "genre" à la lumière de la Science : une imposture

mercredi 25 septembre 2013, par Epsilon

Etudes sur le Genre

D’origine américaine, les ‘gender studies’ étaient au départ – dans les années 30 – les ‘women studies’ ; leur champ d’étude concerne les rapports de pouvoir homme / femme, les politiques mises en œuvre et les différences sociales liées au sexe biologique.

Des études vers une idéologie militante

Dans les années 70, certains mouvements féministes radicaux proches des thèses marxistes s’en sont emparés. Les différences ont été appelées « inégalités » [1], et la répartition des tâches renommée « assignation sexuelle » ; ce glissement a permis d’introduire les concepts de « domination masculine », de « patriarcat », voir « d’oppression » [2]. Pour ces mouvements extrémistes, on peut raisonnablement parler de croisade contre le sexe masculin, présenté comme le mal absolu, l’oppresseur, LE responsable de toutes les violences et injustices.

Caution scientifique

Une forme de caution scientifique a été apportée pour l’essentiel par les publications d’un certain John Money [3], psychologue au Johns Hopkins Hospital à Baltimore, qui avait acquis la célébrité par ses expériences de « réassignation de masculin en féminin ». Ses publications ont introduit l’idée de l’indépendance entre le sexe biologique d’une part, et une « identité de genre » qui serait la perception par le sujet de sa propre identité sexuelle [4].

Principe fondamental

En résumé, le fondement de ces théories extrêmes sur le « genre » est le postulat de John Money : l’identité de genre est indépendante de la biologie et résulte uniquement du conditionnement social [5].

Dérives récentes

Les revendications des mouvements militant sur le « genre » rejoignent étroitement celles de certaines associations homosexuelles minoritaires [6] ou d’autres franchement ‘libertines’. L’une des expressions les plus visibles de cette tendance est la « semaine queer » organisée chaque année à l’IEP de Paris [7].

Analyse scientifique

Le contributeur essentiel : John Money

Né en 1921 en Nouvelle Zélande ; fait un doctorat de psychologie à Harvard, puis intègre le Johns Hopkins Hospital de Baltimore en 1952 en tant que spécialiste des questions sexuelles. Brièvement marié (et divorcé) au début des années 50, il n’a jamais eu d’enfant. Promoteur de la pédophilie [8] et de l’homosexualité pédophile [9], il est fasciné par le pseudo hermaphrodisme [10] et l’intersexualité [11] sur lesquels il écrit une thèse remarquable [12] dans une approche psychologique.
Au Johns Hopkins, il est amené à étudier 131 cas d’indétermination sexuelle sur lesquels il formule sa conviction que l’orientation masculin / féminin n’a pas de fondement biologique, inné. La publication qui accompagne cette affirmation lui apporte la célébrité malgré les graves entorses méthodologiques de l’étude. Par la suite il esquive tout discussion argumentée avec ses adversaires et se contente de les dénigrer, souvent violemment [13]

Les observations embarrassantes de Milton Diamond

Ce biologiste intègre en 1958 le laboratoire de recherche de l’anatomiste William C. Young à l’Université du Kansas. Les recherches portent sur le rôle des hormones au cours de la gestation : entre les 6ème et 8ème semaines, les cellules mâles XY commencent à produire de la testostérone, ce qui n’est pas le cas pour des cellules femelles XX. Cette présence – ou absence – d’hormones conduit à un développement différent des organes sexuels. La question que cherche à résoudre l’équipe est de savoir si cette présence, ou absence, d’hormones influe sur le développement du cerveau.
Leurs expériences sur des cochons d’Inde mettent en évidence un phénomène impressionnant : les fœtus femelle dont la gestation a été perturbée par des injections de testostérone présentent un comportement de mâle lorsqu’à la maturité sexuelle, ils sont mis en présence de femelles ; et cet effet se vérifie même en l’absence de modification apparente de l’appareil sexuel.
L’équipe de jeunes chercheurs était un peu inquiète de la réaction du chef de laboratoire, W.C.Young, qui adhérait aux idées de John Money concernant la neutralité psychosexuelle à la naissance ; mais en véritable scientifique, le responsable les pousse à publier un article [14] sans équivoque parlant du principe organisateur [15] du comportement sexuel mâle adulte. Il met cependant en garde contre une extrapolation trop hâtive aux humains.
Milton Diamond, estime pour sa part, en biologiste, que le phénomène concerne tous les mammifères, humain compris ; c’est la thèse qu’il publie sous son propre nom en 1965 [16], où il rejette formellement la théorie de l’équipe du Johns Hopkins décrite comme « spécieuse, prétendant que l’homme est totalement séparé de son héritage évolutif ». Il pose comme base que les facteurs prénataux définissent les limites dans lesquelles la culture, l’apprentissage, l’éducation et l’environnement peuvent influer sur l’identité de « genre » pour les humains ; il cite à l’appui quantité d’évidences issues de la biologie, la psychologie, l’anthropologie, l’endocrinologie pour démontrer que « l’identité de genre » est inscrite dans les connexions du cerveau virtuellement depuis la conception. Concernant les cas d’indétermination sexuelle, il pointe que l’ambivalence apparente de la sexualité est liée à une ambivalence génétique ou hormonale au cours de la gestation ; ambivalence que les enfants génétiquement normaux ne partagent pas. Il achève sa critique des affirmations de John Money en soulignant l’absence d’un cas décisif : « Pour conforter une telle théorie, nous n’avons vu aucun exemple d’individu normal, d’apparence clairement mâle, éduqué avec succès comme une fille. » Il ajoute « Si un tel cas existe, il n’a pas été porté à l’appui de la théorie de la « neutralité à la naissance » ; on peut supposer qu’un tel cas sera difficile à trouver. »

Accueil des contradictions par les intéressés et le public

Diamond contre Money, c’était à cette époque David contre Goliath, ou Darwin contre l’Académie. Son article avait affaibli une personnalité éminente, sans parvenir à soumettre ses affirmations à une étude contradictoire indépendante. Cette étude existait pourtant mais était passée inaperçue.
Six ans plus tôt, trois chercheurs canadiens avaient publié une étude [17] très critique sur les conclusions de l’équipe du Johns Hopkins, en pointant notamment de sérieuses failles méthodologiques statistiques : « Ces chercheurs [du Johns Hopkins] échouent à relier les composantes physique et psychologique d’une personne dans son ensemble, et considèrent seulement certains aspects sans soumettre ces comparaisons à une validation mathématique ». En conduisant leurs propres recherches sur une cohorte de 17 patients intersexués, les chercheurs canadiens prirent des précautions ignorées par l’équipe de John Money : deux équipes indépendantes, abordant l’angle psychologique pour l’une et endocrinien pour l’autre, avec un groupe témoin composé de personnes diverses, homosexuelles, transgenres ou normales. Les résultats montrent qu’il est dangereux de préjuger l’absence « d’identité de genre » dans les cas d’intersexualité, et que l’état des chromosomes, gonades ou hormones peut prédisposer l’enfant à s’identifier davantage avec un sexe qu’un autre à l’âge adulte. L’article mettait enfin fermement en garde contre un acte chirurgical précoce.

John Money, démiurge et imposteur

C’est précisément dans ce contexte qu’est miraculeusement – pour John Money – apparu le cas d’école des jumeaux Reimer. L’un des deux jumeaux est victime à 8 mois d’un accident qui détruit son pénis. Les parents désespérés ont connaissance de John Money par une émission télévisée (CBC 1967) ; contacté, celui-ci les accueille naturellement à bras ouverts et parvient à les convaincre de castrer le jumeau accidenté, sans leur dire que c’est une première, ni prendre l’avis de son équipe. Le petit Bruce devient Brenda.
Les parents suivent docilement toutes les injonctions de Money et l’élèvent comme une fille. Régulièrement ils rencontrent Money qui suit l’évolution et passe un moment seul avec ‘Brenda’ ; une fois adulte et redevenu David, il parlera enfin de ces rencontres cauchemardesques qui provoquent à l’approche de la puberté un rejet violent, accompagné de crises profondes. Jusqu’à ce qu’une psychologue parvienne à convaincre les parents Reimer de lui dévoiler la vérité sur sa naissance.
Plus tard David décrira ses sentiments à cet instant : incrédulité, stupéfaction, colère, mais surtout : « j’étais soulagé ; soudain tout prenait sens dans ce que je ressentais ; je n’étais plus une sorte de monstre ; je n’étais pas fou. » [18]
Cela n’empêche aucunement John Money de publier dans le même temps des articles vantant le succès de son expérience, qui lui valent une notoriété mondiale. Il continue à soutenir la thèse du bénéfice pour l’adulte d’une « réassignation en fille » de bébés mâles nés sans pénis normalement constitué. Y compris après que ‘Brenda’ ait pris la décision de retrouver son sexe d’origine – sous le nom de David – et coupé tout lien avec lui. Mais il prend soin de cacher soigneusement son identité à tout autre chercheur.
L’inconsistance de ces théories saute pourtant aux yeux pour deux raisons élémentaires : 1) aucune étude systématique de suivi n’a jamais été publiée par John Money ou le Johns Hopkins, démontrant ces prétendus ‘bénéfices’ ; et 2) le seul cas de suivi est celui de Bruce-Brenda-David Reimer, qui s’est avéré un échec patent.

La vérité enfin

L’obstination de Milton Diamond [19] lui permet de retrouver enfin la trace de David Reimer vers la fin des années 90. Il publie – difficilement – un article [20] démentant les affirmations antérieures de J.Money et s’achevant sur une recommandation forte : « Eduquer l’enfant dans une identité sexuelle claire, mais laisser tomber le scalpel. »
On peut s’interroger sur les raisons d’une réticence à cette remise en cause, pourtant largement fondée. Cela tient à plusieurs décennies de pratique chirurgicale selon les théories de J.Money ; brusquement les médecins devaient accepter l’idée qu’ils avaient fait fausse route et mutilé gravement quantité de patients.
Un urologue, William Reiner, apporte cependant son soutien à M.Diamond : confronté au suivi rigoureux sur le long terme de ses patients, il observe que les enfants mâles (XY) nés sans pénis, éduqués comme des filles depuis la naissance, se « savent » garçons : « Ils ne disent pas ‘j’aimerais être un garçon’, ou ‘je devrais être un garçon’, ni même ‘je pense que je suis un garçon’ ; ils disent ‘je suis un garçon’. »
La publication de l’article de Milton Diamond en mars 1997 rencontre un large écho (NY Times, Time Magazine…) et suscite un article approfondi en décembre de la même année (Rolling Stone), suivi par la publication d’un livre entier en 2000 livrant le témoignage de David Reimer [21]. Il est regrettable que ces mises au point ne soient pas encore parvenues à traverser l’Atlantique.

Le point sur les connaissances actuelles

A la suite des expériences de Milton Diamond, une étude désormais classique est menée à l’Université d’Oxford en 1971 ; elle met en évidence une différence anatomique entre les cerveaux des rats mâles et femelles. Six ans plus tard les chercheurs de l’UCLA cernent cette même différence dans un groupe de cellules de l’hypothalamus humain. Une étude menée à Amsterdam au milieu des années 80 localise plus précisément l’aire concernée de l’hypothalamus, deux fois plus importante chez les homosexuels. Certaines études ultérieures, pas encore confirmées, tendent à identifier un motif particulier sur le chromosome X de garçons homosexuels.
D’autres études comportementales montrent une différence significative des comportements de bébés de 9 mois confrontés au choix de jouets sexués qui leur sont présentés (Pr. Trond Diseth, Université d’Oslo), voire dès la naissance (Pr Simon Baron-Cohen, Cambridge). Une étude statistique d’une étendue sans précédent (plus de 200.000 réponses sur toute la planète) met en évidence une différence sexuée des choix professionnels, indépendamment des cultures (Pr Richard Lippa, U. Fullerton, Californie).
Contre ces études indépendantes, aux conclusions convergentes, quoi de neuf au pays du ‘gender’ ? Pour Catherine Vidal, neurobiologiste française, « rien ne permet de considérer que les caractéristiques propres à chaque sexe sont suffisamment importantes pour avoir des conséquences universelles sur nos comportements » [22]. Cette formulation rend le premier logicien venu perplexe : ne pas pouvoir démontrer un lien de cause à effet ne permet pas de conclure qu’il n’y en a pas ; cela montre simplement l’incapacité (l’absence de volonté ?) du chercheur à le trouver.

Question sur cet acharnement

Laissons le mot de la fin à David Reimer, dont la vie a été transformée en enfer par cette théorie : « Vous savez, si j’avais perdu mes bras et mes jambes et que je me déplace en chaise roulante, […] est-ce que cela me rendrait moins humain ? C’est comme s’ils estiment que vous n’êtes plus rien si vous n’avez plus de pénis. A l’instant même où vous le perdez vous n’êtes plus rien, et ils doivent utiliser la chirurgie et les hormones pour faire de vous quelque chose. Comme si vous étiez un zéro. Pour moi c’est stupide. Je n’ai pas la formation de tous ces scientifiques, et médecins, et psychologues mais pour moi c’est vraiment stupide. Si une femme perd ses seins, est-ce que vous la transformez en homme ? Pour qu’elle se sente ‘entière et complète’ ? »

Notes

[1Repris par Françoise Milewski, IEP de Paris, L’Express septembre 2011

[2Résumé dans Trouble dans le genre, pour un féminisme de la subversion de Judith Butler, paru en 1990

[3cité par J.Butler

[4Ces « théories » ont été largement invalidées à la fin des années 90, notamment par un Dr Milton Diamond, biologiste, mais également de manière indépendante par d’autres scientifiques de diverses spécialités

[5voir à ce propos les explications fournies par les ex-promoteurs norvégiens des théories du genre dans la célèbre série de sept émissions diffusée en décembre 2011 : Brainwashing ; la première est visible (sous-titrée en français) sur http://www.youtube.com/watch?v=PfsJ5pyScPs

[6souvent présentées comme le « loby LGBT » pour Lesbiennes, Gays, Bi- et Transsexuels

[8Time Magazine, avril 1980

[9préface à Boys ans their contacts with men de Théo Sandford, 1987 ; cet ouvrage fait l’apologie des expériences sexuelles entre jeunes garçons de 11 ans et hommes dans la soixantaine

[10anomalies génétiques ou hormonales

[11organes génitaux non clairement identifiés comme masculins ou féminins

[12consultable uniquement par demande écrite à la Widener Library at Harvard University ; soutenue en 1951, elle met en évidence le peu d’importance de l’aspect pathologique des organes génitaux et l’épanouissement des sujets qu’on laisse librement choisir à l’âge adulte, quelle que soit la façon dont ils ont été éduqués. Il est regrettable que J.Money n’ait pas appliqué les leçons de sa propre étude.

[13fév. 1967, interview à l’émission de la CBC : This hour has seven days

[14journal Endocrinology 1959

[15à prendre au sens que lui donnait l’anatomiste W.C.Young : il s’agit de l’organisation anatomique dans son intégralité, avec toutes les interactions entre les divers organes

[16Quaterly review of biology : « A critical evluation of the ontogeny of human sexuel behavior »

[17The canadian psychiatric association journal, 1959

[18As nature made him, de John Colapinto

[19via notamment des petites annonces

[20journal Archives of pediatric and adolescent medicine, mars 1997

[21As nature made him ; cf supra

[22citée par C. de Haas dans lemonde.fr du 24.08.11

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