C’est un article de Libération qui le révèle. [1] Le dix février dernier, le Premier ministre et la Ministre de l’Education sont venus au lycée Victor Hugo de Marseille. Montée de toutes pièces, la visite a donné lieu à un simulacre de rencontres qui laisse songeur.
Pour complaire aux nouvelles exigences du jour, on a fait chanter la Marseillaise à des élèves proprets. Certains ont été dispensés de bac blanc pour répéter en chœur l’hymne national qu’ils ignoraient. Des agents de police, sous prétexte de sécurité, étaient présents dans la salle des professeurs, afin que ceux-ci n’interpellent pas directement la Ministre. Des enseignants désiraient s’adresser à Madame Vallaud-Belkacem mais ils furent priés de se tourner vers les services d’inspection. Quant aux élèves, on leur a demandé de faire place nette. Le CDI a été fermé pendant deux jours pour tout préparer : des caricatures, portant sur le thème de la liberté d’expression, ont été enlevées. A la place fut scotchée une charte de la laïcité.
Lorsque la rue de Grenelle se déplace dans les établissements scolaires, il faut désormais faire comme le Ministre Potemkine lors de la venue de Catherine II en Crimée, qui peignit de luxueuses façades pour masquer la pauvreté des villages. Afin de dissimuler le naufrage d’une institution qui ne veut plus voir la réalité en face, les élèves doivent se faire singes savants. Et nous autres professeurs, qui étions hussards noirs de la République, sommes maintenant réduits à en être les clowns tristes.
Note
RSS 2.0