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Bataille contre la réforme du collège : rien n’est joué

mardi 24 novembre 2015, par oleg

Le texte qui suit a été écrit par une collègue du collège Saint Laurent du Pont. Le récit de sa journée de formation montre que celle-ci n’a fait que gonfler le mécontentement général.


Après un coup de fatigue et une petite baisse de moral hier due au manque de réaction de mes collègues, je me suis rendu à ma première demi-journée de formation avec une farouche volonté d’en découdre mais quelques doutes sur l’issue du combat.
Je plante le décor dès le tour de table en faisant remarquer qu’on est le vendredi 13 et qu’on ferait donc bien d’annuler cette formation (sourire crispé de ma Principale) et en employant l’imparfait pour indiquer que j’enseigne le français.
Le formateur, un jeune collègue de lycée pro, annonce son plan : 2h pour proposer les EPI ; 2 h sur la mise en place des AP.
Que nenni mon ami ! Pas de ça Lizette. On va commencer pour vous dire ce qu’on en pense de la réforme… Là j’ouvre le feu et, divine surprise, les collègues à l’unisson embrayent. Chacun y va de sa question, de sa remarque, de son expérience personnelle, de son indignation… Les collègues avaient préparé des questions, compris la réforme (c’est à dire compris que c’est incompréhensible et infaisable)… On refait le monde pendant 2h sans que le formateur puisse en placer une. J’avais prévu de lire le tract FO des Chefs d’établissement (qui est vraiment très bien) mais même pas la peine, ça fusait de toute part.
Le pauvre formateur a vite compris que c’était mort. Il était sympa et ouvert. Il a eu l’intelligence de nous écouter et peu à peu s’est confié : oui, la réforme est une usine à gaz ; oui, il va y avoir des tensions ; oui, de leur côté aussi c’est le merdier et l’improvisation complète (il m’a confié que les IPR qui étaient prévus pour animer la J2 étaient en train de se défiler).
2 collègues lui ont pondu vite fait un semblant d’EPI pur montrer qu’on savait faire si on voulait. Pas de chance, on ne veut pas. On ne veut même pas y réfléchir sans avoir les programmes, ni les modalités d’évaluation du DNB. Normal quoi.
La pause de 10min s’est transformée en pause d’une heure. Discussion à bâtons rompus. Oui il y a des choses à faire, non on ne fera pas cette réforme débile.
30 minutes sur l’AP, juste le temps de voir que ce qu’on présente comme de l’autonomie était en fait un outil pour créer des conflits entre les profs et que ce qu’on appelle choix pédagogique est en fait un renoncement (aux groupes, aux options, aux mesures d’aides efficaces…)

Bref, ça c’est déroulé comme je l’avais imaginé dans mes rêves !
Ce soir on est 2 à être dans l’embarras :
- le formateur qui se demande "que diable suis-je allé faire dans cette galère ?"
- moi qui avais décidé de changer de boulot et qui ressors de là gonflé à bloc, fier de mes collègues (beaucoup m’ont dit qu’ils ne s’étaient pas trop bougés car ils croyaient que c’était joué mais ils se rendent compte que non).

Moralité : il faut vraiment continuer à se battre, même si on a parfois des doutes et de la lassitude. Ne perdons pas espoir, faisons bouffer son drapeau noir à la bêtise despotique !

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