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Le genre à l’école : récit d’une intrusion masquée

lundi 11 novembre 2013, par oleg

A ceux qui s’alarment de l’apparition du gender à l’école, on oppose souvent un étonnement poli, teinté du reproche de l’exagération. Ainsi, dans une note interne rédigée en septembre 2013, l’Apel a voulu relativiser la présence de cette idéologie en milieu scolaire, déclarant que celle-ci ne se signalait que par « quelques textes tendancieux rédigés par des associations qui proposent d’intervenir en classe ».1 Pourtant, dès la rentrée, bon nombre de nos adhérents ont signalé la présence d’initiatives, qui dépassaient le simple cadre de l’intervention associative. La loi de refondation pour l’école, votée en juin 2013, qui excluait « l’éducation à l’égalité de genre »2 à l’école primaire, stipulée par l’amendement Sommaruga, est-elle réellement appliquée ? Faut-il croire l’actuel gouvernement, lorsqu’il affirme, comme le fait Najat Vallaud-Belkacem, que « la théorie du genre, ça n’existe pas »3 ? Le gender est-il présent à l’école, et si oui, comment peut-il s’y immiscer, au mépris d’une loi votée par l’Assemblée il y a cinq mois ?

Rappel des faits : la volonté institutionnelle d’une éducation au gender

Les esprits forts qui s’amusent des inquiétudes parentales et professorales ont courte mémoire. Ils oublient que le genre, comme idéologie, fut projet d’une transformation sociale portée par un gouvernement entier. Ainsi, en sa Convention interministérielle pour l’égalité, le pouvoir exécutif affirmait vouloir lutter contre les « préjugés et stéréotypes sexistes » en aidant les élèves à « mieux appréhender le traitement du genre »4. Dès lors, le gender, en sa traduction institutionnelle, ne pouvait que s’appuyer sur les structures scolaires, qui sont lieu d’édification des individus. En effet, la même Convention interministérielle pour l’égalité entendait « prévoir des formations à l’égalité et de déconstruction des stéréotypes de genre dans le cahier des charges de la formation des personnels enseignants. »5 Si l’idéologie du genre a été exclue des programmes par le retrait de l’amendement Sommaruga, il n’en demeure pas moins vrai que celle-ci fut, dès l’origine, programmée en plus haut lieu. Et ce simple fait, inédit dans l’histoire de l’école française, aurait d’emblée dû poser question. A-t-on cherché à promouvoir avec autant de zèle toute autre hypothèse scientifique ? Cette fièvre zélée a-t-elle émané d’une réelle demande venant des parents, des enseignants ou même des élèves ? S’est-on seulement interrogé sur les fondements d’une telle initiative ?

Apparent recul du gouvernement : dénégations et délégation

Surpris par l’opposition qu’a soulevée ce projet, les membres du gouvernement se retranchèrent derrière un déni prudent. Vincent Peillon déclarait le 3 septembre que « la théorie du genre n’existe pas ».6 Monsieur Ayrault quant à lui rassurait les esprits inquiets par ces propos, tenus fin septembre : « Il n’est pas question d’introduire je ne sais quelle idéologie. Il n’est pas question d’un temps d’enseignement sur la théorie du genre, pas plus dans les programmes scolaires que dans la formation des enseignants. »7 La rentrée scolaire fut donc le moment du grand retournement, le déni offusqué recouvrant le vacarme des professions de foi antérieures. Pourtant, dans les faits, le gender tentait de s’officialiser en des voies parallèles et déléguées, sous les atours vertueux qu’on lui connaît : lutte contre l’homophobie et éradication des stéréotypes sexistes. Ainsi, le rapport Teychenné, proposé à la rentrée et intitulé Discriminations lgbt-phobes à l’école. État des lieux et recommandations, affirmait que l’homophobie, ce « problème éducatif qui doit être traité par le système éducatif », concernait en priorité « des jeunes non conformes aux stéréotypes de genre ».8 Dans une perspective similaire, le projet ABCD de l’égalité, dispositif expérimental qui attend sa généralisation en septembre 2014, déclarait que « l’apprentissage de l’égalité entre les genres dès le plus jeune âge est une nécessité pour que les stéréotypes s’estompent et d’autres modèles de comportement se construisent. »9 La stratégie déployée était alors claire : les hauts responsables s’effaçaient, tandis que, dans les officines, on s’affairait. Le gendrisme, proclamé haut et fort comme priorité nationale, se fit alors discret, espérant l’essoufflement d’une résistance imprévue, afin de préparer mentalités et structures au grand changement attendu.

État actuel des lieux : une intrusion périphérique et non institutionnelle

Dès lors, nous comprenons mieux pourquoi, à la rentrée des classes, bon nombre de nos adhérents ont remarqué la présence d’initiatives nouvelles. Après recensement de celles-ci, nous sommes en mesure d’identifier cinq lieux de diffusion du gender à l’école, indirects et officieux, et que l’on peut énumérer comme suit :

1) Des ligues d’enseignement proposent, pour qui le désire, réflexions et formations adaptées touchant cette question. Ainsi, la Fédération des Amicales Laïques 44, préconise, pour endiguer « les stéréotypes du genre » « des jeux pour comprendre » et ouvrir « la discussion autour du genre et des discriminations ».10

2) Certains syndicats écrivent et diffusent sur le sujet une prose éloquente. A la fin de l’année scolaire dernière, le SNUipp-FSU (syndicat national unitaire des instituteurs et des professeurs des écoles) publiait un savant opus, intitulé Éduquer contre l’homophobie dès le primaire - Des outils théoriques et pratiques pour avancer. En sa présentation, ce projet donnait à « l’école primaire » « un rôle éminent à jouer pour éduquer et prévenir », en pratiquant notamment « le questionnement des stéréotypes de genre ». Pour ce qui est de la pratique, l’ouvrage offrait des séquences d’enseignement destinées aux plus jeunes et visant à interroger les représentations de ces derniers.11

3) Des associations luttant contre l’homophobie et s’appuyant sur le concept de genre se pressent aux portes de nos établissements. « SOS Homophobie », ayant reçu l’agrément national pour « effectuer des interventions de préventions contre l’homophobie en milieu scolaire » se propose de « sensibiliser les élèves aux stéréotypes de genre, à la diversité familiale, sexuelle et affective ».12

4) De nombreux sites à la disposition des élèves sur le net incitent ceux-ci à se questionner sur leur identité de genre. La très fameuse « Ligne Azur », dont la consultation fut recommandée par notre Ministre à l’occasion de sa circulaire adressée aux recteurs d’Académie en janvier 2013,13 propose aux jeunes de se définir par le biais d’un éloquent diagramme. En celui-ci, chacun est invité à croiser, pour mieux se connaître, les composantes suivantes : « Sexe biologique », « État civil », « Identité de genre », « Sexe social », « Partenaire-s sexuel-le-s », « Pratiques sexuelles ».14

5) La formation universitaire enfin, adressée à tous les étudiants et donc à de futurs enseignants, intègre ce paramètre dans bien de ses propositions. A titre d’exemple, on peut rappeler que l’Université de Lyon organisait, dès novembre 2011, un café « sciences et images » « pour débattre des stéréotypes Homme / Femme ». Était invitée à cette occasion une sociologue, présentée comme « spécialiste des questions de genre ».15

On le voit donc, le gender affecte bien, en dépit des protestations de l’institution, tous les domaines du champ scolaire. Faudrait-il d’ailleurs attendre qu’une idéologie, qui prétend changer la perception du réel, s’absente de ce lieu si concret qu’est l’école ? Bien entendu, on peut opposer à ce relevé que celui-ci n’infirme en rien la loi de refondation pour l’école, qui ne promettait d’exclure le gender que des programmes scolaires. Toutefois, on peut s’étonner de l’étrange passivité d’un Ministère qui, s’il s’efforce d’appliquer à la lettre la loi, ne cherche guère à ce qu’en soit respecté l’esprit. De plus, on peut se demander si ce même Ministère, fort indulgent à l’endroit d’intrusions semblables, serait tout aussi clément à l’encontre de toute autre idéologie. Enfin, on est en droit de s’interroger sur la réelle compétence d’un gouvernement qui laisse s’installer à l’école une doctrine, dont il ne cesse de dire qu’elle est dénuée de cohérence théorique. Quoi qu’il en soit, le genre, s’il n’est pas présent en droit à l’école, y est bien vivace dans les faits. Nier cette vérité est tout simplement nier la réalité et par là mentir. Et quand ce déni vient des plus hauts responsables du pouvoir exécutif, nous n’hésitons pas à dire qu’il s’agit d’un mensonge d’État

Gender, idéologie, République et droit

Naturellement, on pourrait affirmer que l’école, espace où s’ouvrent les consciences, se doit d’initier les jeunes pousses de la nation aux prémices de cette approche. Mieux encore, n’entrerait-il pas dans le projet républicain d’informer cette jeunesse des recherches actuelles effectuées dans le domaine des sciences sociales ou naturelles ? Fréquentes, ces objections ne tiennent pas face à l’examen des faits. Tout d’abord, le gender, conçu pour être transmis aux enfants dès la maternelle, ne se propose pas comme hypothèse soumise à la raison critique, mais s’impose comme vision du monde par la force de l’inculcation. Nous sommes là dans une posture idéologique et non, comme on voudrait le faire croire, dans le cadre d’une modeste initiation scientifique : transmettrait-on avec le même empressement la géométrie euclidienne à des enfants tout juste âgés de trois ans ? De plus, le rappel des principes fondateurs de notre institution prouve l’illégitimité flagrante de l’endoctrinement entrepris. Les pères de l’école de la République, s’ils faisaient de cette dernière l’instrument d’un progrès, savaient très bien que cet objectif ne pouvait s’atteindre que dans le respect de la liberté individuelle. Ainsi, Jules Ferry, dans sa Lettre aux instituteurs, laissait à ceux-ci le précepte suivant : « vous ne toucherez jamais […] à cette chose délicate et sacrée qu’ est la conscience de l’enfant. » De même, Ferdinand Buisson, référence si précieuse à notre Ministre, écrivait, en son Dictionnaire de pédagogie et d’instruction primaire : « L’éducation ne fait pas l’homme de rien, elle s’applique à des dispositions qu’elle trouve toutes faites. »16 Voulant imposer à des enfants des normes nouvelles affectant ces derniers jusque dans leur identité, le projet gendriste, comme ces références l’attestent, n’est pas conforme aux idéaux qui présidèrent à la création de l’école. Mieux encore, ce désir intrusif semble, à l’examen des normes les plus élémentaires du droit, ne pas résister à la suspicion de l’illégalité. Le Code de l’éducation déclare en effet, en son article L 111-2 : « L’État garantit le respect de la personnalité de l’enfant et de l’action éducative des familles. »17 De même, la Déclaration universelle des droits de l’homme affirme, à l’article 26, que « les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants. »18La somme de ces citations, emblématiques des fondements de notre État, suffit à le prouver : le genre, dogme transmis aux enfants à l’insu des familles, est illégal, en son projet comme en son implicite application. Accepter ce dernier à l’école est ouvrir la porte à toutes les manipulations, exposer les élèves à bien d’autres violences.

Il est donc plus que temps de porter au grand jour le scandale de cette intrusion masquée. Une loi votée par un Parlement se trouve bafouée par la passivité d’un gouvernement complice : chassé de l’école, par le fait d’une déprogrammation tardive, le gender y revient au prix d’un contournement législatif programmé. On accepte alors que soient transmis à des enfants, sans même en avertir les parents, des discours qui viennent les remettre en question jusque leur personne. Or, les « Enseignants pour l’enfance » affirment, par leur création, le refus de toute une partie du corps professoral de se faire agents zélés de cette propagande imposée. Éduquer n’est pas inculquer, pas plus qu’enseigner ne serait transformer. Nous appelons donc collègues, familles, personnels de la communauté éducative, journalistes, juristes, élus, hommes et femmes de la cité à s’indigner et à se lever contre l’hypocrisie d’une telle entreprise. Nous demandons au Ministère de sortir de sa léthargie calculée pour prendre ses responsabilités dans l’unité institutionnelle dont il a la charge. Nous exigeons que soient repérés, mentionnés et interdits les biais périphériques mentionnés ci-dessus, qui sont vecteurs de l’idéologie du genre. Nous le revendiquons au nom de l’esprit fondateur de l’école de la République comme au nom des principes les plus élémentaires du droit des personnes. Le gender, doctrine discutable et discutée par ses propres promoteurs, n’a pas sa place dans la sphère scolaire. Une question relevant de l’intimité des individus peut-elle être prise en charge par l’Éducation nationale ? Celle-ci peut-elle interférer dans le discours que les parents tiennent à leurs enfants ? Comment qualifier un État qui entendrait penser à la place des gens ? Que serait une nation qui se donnerait pour objectif de s’immiscer dans les consciences ? Gouverner est-ce imposer ? « Les dépositaires de la disposition exécutive », rappelait Rousseau dans son Contrat social, « ne sont point les maîtres du peuple, mais ses officiers. » A observer ce qui se passe aujourd’hui dans les écoles de notre nation, on est en droit de se demander si les responsables qui dirigent celle-ci n’ont pas pour secrète intention de s’en faire les doctrinaires despotes.

Références

1. « Point sur la théorie du genre et position de l’Apel » : http://www.synadic.fr/fichiersUtilisateur/file/APEL.pdf.
2. www.lemonde.fr/ecole-primaire.../fronde-a-droite-contre-l-invasion-de-la-theorie-du-genre-a-lecole_3162834_1473688.html.
3. http://www.najat-vallaud-belkacem.com/2013/06/09/la-theorie-du-genre-nexiste-pas.
4. http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officiel.html?cid_bo=67018.
5. http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officiel.html?cid_bo=67018.
6. http://yagg.com/2013/09/04/vincent-peillon-la-theorie-du-genre-nexiste-pas.
7. http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/09/30/01016-20130930ARTFIG00315-ayrault-rejette-toute-theorie-du-genre-a-l-ecole.php.
8. http://cache.media.education.gouv.fr/file/07_Juillet/62/7/rapport_teychenne_juin_2013_261627.pdf.
9. http://www.cndp.fr/ABCD-de-l-egalite/ressources-documentaires.html.
10. http://www.fal44.org/saffilier-a-la-fal.html?searchword=genre&ordering=&searchphrase=all.
11. http://www.snuipp.fr/IMG/pdf/document_telechargeable-2013-30-05.pdf.
12. http://www.sos-homophobie.org/search/node/genre.
13. http://www.lefigaro.fr/assets/pdf/lettre-v-peillon.pdf.
14. http://www.ligneazur.org/sante-sexuelle/situations-individuelles-multiples.
15. http://www.universite-lyon.fr/science-societe/homme-femme-comprendre-et-depasser-les-cliches--172457.kjsp.
16. cndp.fr/laicite/pdf/Jferry_circulaire.pdf – et www.inrp.fr/edition-electronique/lodel/.../document.php?id...
17. www.legifrance.gouv.fr/UnArticleDeCode.
18. http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/dudh/declara.asp#art26.

1 Message

  • Le genre à l’école : récit d’une intrusion masquée Le 2 février 2014 à 20:16, par LEDOUX

    apres avoir lu les explications je m insurge contre cette facon d eduquer les enfants je trouve que des matieres plus importantes sont a apprendre tel que lire ecrire compter nous avons assez d enfants analphabetes sans ajouter des matieres qui n ont pas lieu d apprendre a des enfants en primaire ensuite avoir des instituteurs qui n ont pas le courage d affronter les parents j ai une petite fille de 8 ans qui n as pas ose dire a ses parents ce que la maitresse avait parle en classe elle est venu chez moi pour en parler croyez vous que les enfants francais trop bete pour ne pas faire la difference entre un garcon et une fille c est une honte d avoir une telle education dans des ecoles de la republique j ai honte pour la france et aussi de ce gouvernement

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