Accueil > Documentation > Textes de référence > Textes sur l’éducation > La Circulaire de rentrée 2016 : analyse critique (3)

La Circulaire de rentrée 2016 : analyse critique (3)

lundi 6 juin 2016, par Epsilon

Évaluation

Deux idées force :
- 1 : en fin de cycle, une échelle de référence comportant quatre échelons
- 2 : le livret scolaire de la scolarité obligatoire et le livret scolaire unique numérique
Et leur couronnement : le diplôme national du brevet.

L’échelle de référence, avec ses quatre échelons, consacre sans le dire ce que parents, enfants et enseignants rejettent massivement : la disparition des notes.

Cet angle d’attaque a pour conséquence la perte des points de repère objectifs pour les enfants et les parents. La note avertit l’enfant en difficulté et le pousse à réagir ; elle stimule celui qui progresse et reçoit les fruits de ses efforts - souvent après avoir été un temps à la peine ; elle lui donne sur le long terme une idée objective de ses dons et faiblesses. La note est un point de repère pour les parents, qui peuvent réagir s’ils en voient le besoin. La note permet au professeur de porter son attention sur ceux qui en ont davantage besoin, et d’adapter ses explications selon l’interlocuteur.
(un scoop pour nos lecteurs qui l’ignoreraient : non les professeurs ne sont pas des sadiques acharnés à décourager leurs élèves selon leurs affinités ; ils découvrent en général l’auteur de la copie après avoir attribué la note et au moment de la porter sur le tableau récapitulatif)

Le livret scolaire, qui « se substitue aux actuels livrets et bulletins », ne comportera apparemment plus de notes naturellement, ni d’appréciations, mais un « bilan de fin de cycle » et « les attestations obtenues ».

Ceux qui ont vu fonctionner le principe des « compétences » ne peuvent qu’être très réservés sur la fiabilité de cet outil. La première fois, des heures à discuter pour estimer une à une les dizaines de « compétences » disparates, individuellement pour chaque élève, pour des dizaines d’élèves. A ce stade, il en faut vraiment beaucoup pour ne pas valider ne serait-ce qu’un « maîtrise fragile ».
Puis les collègues découvrent lors des remises de bulletins, la modification arbitraire de la grille par le chef d’établissement...
Le signal est clair : pour les professeurs, la « compétence » doit être attribuée indépendamment du niveau réel de l’élève. Pour l’enfant, pas besoin de se fatiguer - ni de respecter le professeur - les compétences sont validées par l’acte de présence.
Et pour les parents ? Les choses se compliquent : confiants dans une réussite apparente, ils découvrent brutalement, lors de la première année de lycée, que leur enfant a perdu son temps et a plus d’un an de retard par rapport à ses petits camarades aux parents plus avertis. Et que ce retard est irréversible (l’interdiction de redoubler, vous vous rappelez ?)

Le diplôme national du brevet ne comprend plus que deux épreuves écrites, associées aux « points obtenus dans la maitrise du socle commun de connaissances, de compétences et de culture ».
On se rappelle que le « socle commun de connaissances » ne fait guère référence au calcul, écriture, maitrise du français ou du raisonnement, mais bien plutôt à la priorité clairement énoncée en tête : les « valeurs de la république », avec en bonne place l’éducation à toute forme de sexualité.
Mais naturellement : les parents ne sont plus que les « coéducateurs » de leurs enfants, patronnés par un « ministre des parents » qui leur expliquera ce que doit être leur éducation, et encourage les adolescents à prendre leur indépendance.

Ah, les deux « épreuves écrites », nous allions les oublier. Accrochez-vous : une épreuve est constituée de français+histoire+géographie+enseignement moral et civique... Quoi, la grammaire, quoi, l’orthographe ? Notions bourgeoises et élitistes, c’est bien connu. Louis XIV ? Saint Louis ? Napoléon ? La géographie de la France ? Ah non, connais pas ; mais je peux vous parler d’un épisode passé d’un pays d’Afrique, ou d’Asie si vous voulez ; non ? Et l’EMC ? bof, suffit de placer deux-trois mots ou expressions convenues.
Et la deuxième épreuve ? Mathématiques ? Physique ? Sciences ? Ben, tout ça à la fois, avec de la technologie par dessus le marché.
Comme l’ont bien compris les élèves de terminale pour l’épreuve de physique du bac : « rien à réviser ni travailler, suffit de lire les documents ».

Il y a quand même une épreuve orale : « sur un des EPI » ou parcours éducatifs. Par exemple « Mme Bovary, Gargantua et la diététique » (authentique)...

Répondre à cet article

| Plan du site | Notice légale | Suivre la vie du site RSS 2.0