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Lydia Guirous et l’école de la République

jeudi 30 juin 2016, par oleg

Lydia Guirous est auteur du livre Allah est grand, la République aussi. Dans le journal du Point, Jean-Paul Brighelli a voulu l’interviewer sur l’inflexion communautaire que connaît aujourd’hui notre école. Nous publions le début de cet entretien dans les lignes qui suivent :

Brighelli : Vous insistez à plusieurs reprises dans votre livre sur l’abyssal mépris de certains pédagogues – ceux qui dirigent la Rue de Grenelle depuis trente ans – pour le peuple. Pouvez-vous en donner des exemples ? Qu’en a-t-il été pour vous, née en Kabylie, petite fille d’une famille nombreuse déracinée dans le nord de la France par la montée des périls en Algérie, et parlant un français qui n’était pas forcément celui de vos petits camarades ?

Lydia Guirous : La gauche bien-pensante aime se donner bonne conscience en faisant semblant de s’intéresser aux enfants de condition modeste, et particulièrement aux enfants issus de l’immigration. Ils font leur BA, en bons scouts de la pensée unique, mais attention : il ne faut pas croire qu’ils souhaitent que tous les enfants modestes se mélangent avec les autres et que l’école républicaine tire tout le monde vers le haut, riches comme pauvres. Non, ce qu’ils veulent, eux, c’est garder les gens enfermés dans leurs cases : le pauvre, l’ouvrier, l’immigré… Eh oui, si tout le monde se mélangeait, on ne pourrait pas les entendre geindre sur les plateaux télé alors que leurs enfants sont tranquillement enfermés dans les bonnes écoles parisiennes. Alors ils ont trouvé la solution pour concilier leur volonté de se faire du bien et de leurrer le peuple : ils ont nivelé le niveau scolaire vers le bas dans les zones d’éducation difficile. De cette manière, ils ont l’illusion d’avoir œuvré pour le bien commun, alors que, finalement, ils ont créé des bataillons d’élèves de faible niveau qui seront très rapidement largués dans l’enseignement secondaire et supérieur et qui finiront chômeurs, car malheureusement le marché du travail, lui, augmente en permanence ses exigences. C’est cela, le mépris : faire croire au peuple qu’on l’aide, alors que l’on construit une barrière autour de lui et qu’on lui lance avec beaucoup de mépris quelques cacahuètes pour calmer sa colère. À titre personnel, à Roubaix, il a fallu que je me batte et que je travaille seule pour apprendre les grands auteurs, car de nombreux enseignants pensaient que l’étude du rap, du graph et des tags nous parlait plus… Mais ce n’est pas avec cette « culture urbaine » qu’on réussit ses copies de culture générale lors des concours de grandes écoles…

Brighelli :« C’est justement pour préserver ce qui est neuf et révolutionnaire dans chaque enfant que l’éducation doit être conservatrice. » Un propos auquel j’adhère entièrement. Comment expliquez-vous que son évidence ne saute pas aux yeux de nos modernes pédagogues, qui se veulent (ou se croient) « de gauche » ?

Lydi Guirous : Tout simplement parce que ces idéologues vieillissants sont les produits du ravage culturel de Mai 68 : « il est interdit d’interdire », « Sous les pavés la plage », « CRS, SS »… vous vous souvenez ? Eh bien, ce sont ces dinosaures, ces apparatchiks gauchistes, qui ont pris le pouvoir et lénifié la pensée et le sens critique pendant plus de quarante ans. Ils ont menti au peuple et à ses enfants en développant des théories absurdes sur l’autonomie des élèves et en n’ayant de cesse de niveler l’école vers le bas. Najat Vallaud-Belkacem est leur digne héritière ! Le pire dans tout cela, c’est que les pédagogues de gauche savent très bien qu’ils ont tort et que leur idéologie est dangereuse. Leur pensée, c’est un dol culturel et idéologique qui n’a pour seule ambition que de garder leur zone de pouvoir, leurs enseignements à la fac et leurs contrats d’édition… Dans le fond, ils savent très bien que ce qu’ils prônent ne marche pas, sinon ils n’y aurait pas autant d’enfants de profs à Sciences Po, à l’Ena et dans les grandes écoles… L’élitisme, ils connaissent – pour leurs enfants !

La suite de l’entretien est à lire ici : http://www.lepoint.fr/invites-du-point/jean-paul-brighelli/brighelli-ce-n-est-pas-a-l-ecole-de-s-adapter-aux-minorites-17-06-2016-2047422_1886.php

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