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DIX BONNES RAISONS POUR DIRE NON A LA REFORME DU COLLEGE

mardi 17 novembre 2015, par oleg

Le texte qui suit nous est parvenu d’un collectif lyonnais opposé à la réforme du collège. Constitué par des Parents, Professeurs, Etudiants de Lyon, le PPEL (https://www.facebook.com/ParentsProfsEtudLyon?ref=tn_tnmn​) développe donc le propos suivant :

DIX BONNES RAISONS POUR DIRE NON A LA REFORME DU COLLEGE

I. La réforme du collège ne s’appuie sur aucune enquête d’opinion :
La seule enquête réalisée sur le sujet est un sondage effectué en 2011, mis en œuvre par l’Apel et La Croix. Intitulé « Le Français et le collège », il formule des constats que le Ministère se garde bien de rappeler (56 % des parents trouvent finalement que « le collège favorise l’égalité des chances », 73 % souhaitent « instaurer un examen d’entrée au collège ».

II. La réforme du collège prend sa source dans un rapport d’experts ancien et partial :

En 2006, L’éducation nationale diligente un rapport, intitulé « Rapport sur la grille horaire des enseignements au collège ». Rédigée par 4 hauts fonctionnaires, dont un seul était un ancien enseignant devenu Inspecteur, cette enquête ne s’appuie que sur des témoignages venus de hauts fonctionnaires de l’Éducation nationale (Recteurs, chefs d’établissement).

III. La réforme du collège occulte la consultation lancée auprès des enseignants :

En direction des enseignants, une grande consultation fut lancée sur le site de l’Éducation nationale le 11 mai 2015. Le 20 mai 2015, le décret instituant la réforme du collège était promulgué… Les questions posées étaient fermées (il s’agissait de "faire des suggestions sur de possibles pistes d’amélioration") ou purement techniques (il était demandé de se prononcer sur la "lisibilité des projets, leur présentation formelle, leur articulation au socle commun et entre les cycles") : aucune voie n’était ouverte à des interrogations portant sur la pertinence de cette réforme.

IV. La réforme du collège n’a fait l’objet d’aucun débat parlementaire débouchant sur une loi : Promulguée par décret, la réforme du collège se veut la continuation de la loi de refondation pour l’école, instituée le 8 juillet 2013. Mais, concernant le collège, cette loi ne définit qu’un point, en son article 13, qui est « l’acquisition d’un socle commun de connaissances, de compétences et de culture ». Tout le reste de la réforme a donc été imposé sans débat à l’Assemblée par le Ministère de l’éducation nationale.

V. La réforme du collège entérine un arbitraire ministériel qui bafoue notre constitution : L’article 13 de la loi de refondation pour l’école précise que le « socle commun », somme de connaissances qu’il est nécessaire d’apprendre au collège, peut être « fixé par décret, après avis du Conseil supérieur des programmes. » Ce Conseil est une instance qui compte 18 membres, dont dix sont nommés par le Ministre. Le décret instituant la réforme du collège confie donc l’enseignement au pouvoir exécutif seul. Or, L’article 34 de la Constitution du 4 octobre 1958, affirme que « la loi » « détermine les principes fondamentaux de l’enseignement ». Et la loi, qui est expression de la volonté générale, ne peut être l’aboutissement d’une seule instance.

VI. La réforme du collège promet une liberté pédagogique qui est suspendue à la volonté du Ministre : Le décret qui promulgue la réforme s’autorise la réécriture de l’article D-332. 2 du Code de l’éducation En sa version initiale, celui-ci stipulait que l’école devait garantir « au moins le socle commun » et d’ « autres enseignements » complétant ce « socle ». En sa nouvelle mouture, l’article affirme que l’école ne peut plus garantir qu’ « une formation générale qui permet d’acquérir le socle commun ». Tous les enseignements complémentaires (EPI, Accompagnement personnalisé, Enseignements de complément) ne sont donc plus garantis par la loi.

VII. La réforme du collège promet une diversité des propositions qui dissimule une pauvreté des moyens : La réforme du collège propose la bipartition horaire qui suit : 80 % des enseignements font l’objet d’un socle commun, 20 % des enseignements font l’objet d’un enseignement adapté. Cette bipartition est le fruit d’un prélèvement mais non pas d’un ajout : des heures d’enseignement général sont supprimées pour être dédiées à un parcours optionnel. Au total, les projections qui sont faites permettent d’affirmer qu’un élève actuel de 3ème peut perdre, si la réforme venait à être mise en œuvre, jusqu’à 8 heures d’enseignement.

VIII. La réforme du collège accentue la disparité des territoires :

Dans les 20 % d’horaires optionnels, des coupes devront être faites. Un établissement ne pourra plus assurer l’ensemble des propositions qui sont actuellement offertes. Dès lors, il est aisé d’imaginer que les établissements au public favorisé renforceront les options exigeantes (latin, langues renforcées), tandis que les sites où les élèves sont plus en difficulté proposeront des options de soutien et d’initiation (Accompagnement Personnalisé, EPI). Par le fait de ces choix imposés, les clivages géographiques se renforceront.

IX. La réforme du collège consacre la fin du caractère disciplinaire de l’enseignement :

Pour les EPI, la circulaire de juillet 2015, qui accompagne le décret du mois de mai, propose que des « professeurs documentalistes ainsi que des conseillers principaux d’éducation » apportent leur « expertise ». Un autre passage de ce texte affirme que des « professeurs non linguistes volontaires » pourront, entrer dans les propositions linguistiques des EPI, pourvu qu’ils soient munis d’une simple « certification ». Pire encore, les EPI ouvrent les portes du collège au tout venant puisque, précise la circulaire, « la mise en œuvre de ces parcours doit favoriser les partenariats. »

X. La réforme du collège est impossible à mettre en œuvre, faute de moyens alloués :

Aucun texte accompagnant la réforme n’évoque la possibilité d’une rémunération offerte en compensation du travail que supposera, pour toute équipe pédagogique, la mise en place des EPI. A la différence d’autres pays qui pratiquent l’interdisciplinarité, la France entend faire fonctionner cette manière d’enseigner sans pour autant s’en donner les moyens.

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